

TROIS ANS DE CONFLIT EN UKRAINE: La crise des déplacements forcés s'aggrave, avec plus de 80% des personnes touchées dépendant de l'aide humanitaire et 9 millions vivant dans la pauvreté
Madrid/Kiev, 20 février 2025.
L'Ukraine est l'une des plus grandes crises de personnes déplacées au monde, avec 6,8 millions de personnes ayant fui le pays et 3,6 millions déplacées à l'intérieur du pays depuis le début du conflit le 24 février 2022. Plus de 80% d'entre elles dépendent de l'aide humanitaire.
Neuf millions d'Ukrainiens et d'Ukrainiennes vivent désormais dans la pauvreté. La destruction des infrastructures et la fermeture des entreprises ont entraîné un taux de chômage de 22% dans les régions proches de la ligne de front. Dans ces zones, la hausse des prix et la perte des moyens de subsistance menacent la sécurité alimentaire des communautés.
Pour soutenir les personnes touchées par le conflit, Action contre la Faim fournit une assistance financière en espèces, des bons alimentaires, des kits d'hygiène, des soins de santé, des formations professionnelles et une aide à la création d'entreprises dans les régions de Soumy, Kharkiv, Donetsk, Dnipro et Zaporijia. « Avec l’avancée des forces russes, au cours de la seconde moitié de 2024, plus de 200 000 personnes ont dû être évacuées de leurs maisons. Ces personnes ont du mal à accéder à un logement, et la limitation des prestations versées par le gouvernement pour les déplacés, depuis mars 2024, a laissé de nombreuses personnes dans une situation encore plus précaire », explique Ionuț Raita, Directeur d’Action contre la Faim en Ukraine.

Une équipe de santé mobile pour atteindre la population la plus vulnérable
Le conflit a gravement perturbé l'accès aux services de santé. Les attaques répétées contre les infrastructures de santé et la pénurie de médicaments et de personnel limitent davantage l’accès aux soins. Pour relever ces défis, Action contre la Faim a mis sur pied des équipes de santé mobiles qui se rendent dans des zones difficiles d'accès, dans les régions de Dnipro et Kharkiv. Ces équipes, composées d'un médecin, d'une infirmière, d'une sage-femme et d'un gynécologue, fournissent des soins de santé et des médicaments aux personnes les plus vulnérables.
Valeriy, médecin généraliste au sein de l'équipe médicale mobile d'Action contre la Faim, a longtemps travaillé comme médecin de famille et comme directeur d’une clinique ambulatoire de médecine générale. « J'ai moi-même été affecté par les actions militaires puisque je suis actuellement déplacé. Je suis originaire de la région de Zaporijia. En raison de la guerre, j'ai également dû quitter ma maison, mon travail et mes amis. Je pense que c'est là l’une de nos principales missions : aider les gens à survivre à ces épreuves et leur fournir une assistance », explique Valeriy.
« Les histoires de nos patients sont touchantes », s’émeut Anastasia, gynécologue au sein de l’équipe mobile d’Action contre la Faim. « Il y a cette jeune femme, dont le mari est mobilisé sur le front. Elle attend son troisième enfant et a deux enfants en bas âge. Elle s'inquiète pour eux et gère seule tous les problèmes. A travers notre travail, nous nous assurons que les femmes comme elle sont soutenues et qu’elles ne sont pas seules. »
La santé mentale se détériore
La menace des frappes aériennes, les déplacements, la perte d’êtres chers et le manque de moyens de subsistance ont plongé de nombreux Ukrainiens dans une détresse profonde. Dix millions de personnes sont susceptibles de souffrir de troubles mentaux à court ou moyen terme.
L’équilibre psychique des enfants, dont certains sont privés d’enseignement formel depuis quatre ans du fait de la pandémie de COVID-19 et de la guerre, est particulièrement menacé. « Chaque alarme aérienne accentue non seulement l’anxiété des enfants ukrainiens mais aussi leur perte d’apprentissage. Pour les enfants qui ne vont plus à l’école, l’enseignement à distance est rendu difficile par une connexion internet instable et les coupures de courant provoquées par les frappes aériennes », précise Ionuț Raita.
Les organisations humanitaires sont confrontées à deux défis majeurs : la réduction de l'accès humanitaire, en particulier près de la ligne de front, et la réduction du financement, qui limite leurs ressources et les empêche de fournir une assistance complète.
En 2025, Action contre la Faim, en collaboration avec six partenaires locaux et deux internationaux, souhaite atteindre 97 559 personnes dans quatre domaines clés : la santé, la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance, le soutien psychologique, l'eau, hygiène et assainissement, et le renforcement des capacités des organisations de la société civile. Plus que jamais, le soutien international à cette crise reste crucial pour éviter une aggravation de la situation humanitaire.